À la recherche du temps perdu
Ce titre proustien m’est inspiré par le crash, le 5 mars 1944, du Stirling venu d’Angleterre pour une livraison d’armes à la résistance d’Auvergne, près d’Orcival. Quatre membres de l’équipage, tous Néo-Zélandais, sont décédés et reposent au cimetière des Carmes.
À la recherche d’éventuels descendants familiaux des pilotes, j’ai malheureusement pu constater pour Hugh Willian Henderson, 22 ans, le navigateur, de Waikouaiti, que sa famille s’etait éteinte. A Wellington, la capitale, j’ai rencontré l’association nationale des vétérans de NZ, RSA. Je me suis rendu au musée national, « Te Papa Tongarewa » traduit par: « le lieu des trésors de cette terre », puis, à la bibliothèque nationale. J’ai concentré mes recherches sur Raymond Johnson Watson, le pilote de 27 ans qui demeurait dans un des quartiers de la ville. J’ai eu alors la chance de rencontrer madame Fiona Grey, rock and roll d’apparence avec sa casquette multicolore vissée sur la tête, mais surtout passionnée par son métier. Elle a consulté et surfé successivement à travers les listes électorales, la liste des donations d’Etat des personnes décédées et la liste des mariages. Et bien vous savez quoi? Elle est parvenue à retrouver une arrière petite fille dont la famille vit désormais à Auckland. Fiona Grey m’a donné son adresse et son numéro de téléphone !
J’en suis vraiment très heureux et j’espère pouvoir concrétiser ce lien avec la mémoire du passé lors de mon retour dans cette ville le 3 mars prochain…
Melting potes…
Les campgrounds, les villes, ou la route même, sont vecteurs d’instants d’exception, souvent étonnants. En voici quelques uns:
Je rencontre Tim et Marée Robertson au campground d’Hanmer Spring. Très vite ils me convient à un barbecue très convivial, organisé à la bonne franquette, entre tente et caravane. C’est alors qu’ils me confient venir de Ashburton, petit village pratiquement inconnu du grand sud. Situé entre Temaru et Christchurch, c’est justement celui que j’avais choisi pour équilibrer un effort de 180km sur 2 étapes. Passé l’étonnement, nous avons bien ri de l’immense camping du village, capable d’accueillir 2000 personnes et où nous étions en tout et pour tout 4 tentes et 3 caravanes en désespérance…
C’est une intonation catalane qui a attiré mon attention. Je parlais cette langue « com l’une Catala », puisque ma grand mère nous a élevé, mes sœurs et moi, dans cette culture. Monserat et Eduard sont de Barcelone « Globecyclers », ils ont parcouru également le monde à vélo. L’échange fut court, mais riche, au cours d’un repas commun
sur le ferry de nuit. Nous nous sommes quittés avec l’espoir de nous revoir un jour à Clermont.
C’est à la station centrale des bus de Wellington que je rencontre Inès puis Helias. Ines est franco tunisienne et vit désormais en Indonésie. En partance pour le Taranaki, elle prend quelques vacances gâchées par « Gabrielle », le 2eme typhon que subit la NZ.
Helias lui est allemand, vous savez d’où? de Regensburg ! Nous nous retrouvons tous les 3 sur un quai qui restera vide car aucun bus ne viendra nous récupérer. Ils ont été nationalement suspendus en raison des conditions météo. Chacun apportera alors sa contribution, Ines le contact avec la compagnie des bus pour reporter nos billets et réserver l’hôtel face à la gare où nous dormirons dans la même chambre mixte, moi pour le restaurant repèré la veille. Helias, en visa « Vacances travail » pour les jeunes de moins de 30 ans, sera surpris et ravi de voir les photos de sa ville et étonné que je puisse conter la légende de la construction du pont et de la cathédrale de Rastibone!
Ho, Gabrielle !
« Tu joues avec nos nerfs,
on peut crever, désenchantés,
Alors fini, fini pour moi.
J’ai refusé, me suis déchaîné,
loin de ta portée, je vais t’expliquer …»
Voilà à peu près ce que Johnny aurait pu chanter sur “Gabrielle”, le deuxième ouragan qui a touché le nord Est de la Nouvelle Zélande. Auckland ayant été durement frappé par la première tempête, cette fois Gabrielle est venu lécher la côte Est du Northland, juste au dessus d’Auckland et surtout impacter les régions du Coromandel et de East Coast au sud Est de l’île du Nord, secouant Wellington mais sans dommages importants. Des lignes électriques à terre, de nombreux arbres arrachés, des glissements de terrains, des routes coupées ou fermées ont isolé ces régions du reste du pays. J’ai eu pour ma part mes bus du mardi annulés, mais la chance de pouvoir repartir le mercredi en deux étapes une pour Hamilton et l’autre pour Whangarei. Le bus à dû slalomer du centre de l’île aux deux côtes, mais finalement, est bien arrivé à Whangarei. Merci Steve d’avoir su apprécier le point de départ de ce dernier tour du Northland de l’île, m’évitant ainsi de subir de nombreux ennuis.
Je ne perds pas le nord
Pour finir ce périple en Nouvelle Zélande, j’ai programmé douze étapes d’une soixantaine de kms en moyenne avec arrivées dans des campgrounds, pour ne pas « finir en serpillère », lessivé par un profil plutôt montagneux qui devrait s’imposer le long des côtes. Au programme: visite du cap Reinga et des forêts primaires de la côte Ouest. La boucle cycliste s’achèvera à Wellsford sur le HW1. Pour revenir à Auckland vivant, j’éviterai le trafic de la motor way en prenant un bus. Je rendrai enfin visite à l’éventuelle famille du Sergent Raymond Watson, mais c’est une autre histoire…