Dunedin, la belle endormie

Dunedin, fondée par les écossais du capitaine Cargill en 1848 est la 2eme ville d’Aotearoa avec ses 118000 habitants. C’est aussi une ville repos attendue de mon itinéraire après 300km et 4 étapes vélo consécutives.

Blottie au fond d’une baie, protégée à l’Est par la presqu’île de Portobello, elle s’appuie du Sud au Nord sur un rempart naturel de collines. À l’Ouest, elle écarquille deux sourcils de sable blond sur le bleu profond du Pacifique.

C’est une vraie ville, au sens urbanistique européen, avec un cœur de ville, concrétisé par une place octogonale arborée, où l’on trouve autour, des bars, des cafés, les grands immeubles de services, quelques statues iconiques et une rue principale qui aligne ses commerces sur des artères à secteurs piétons. On est dimanche, c’est l’été, les étudiants n’ont pas repris les cours et le style architectural Victorien dont la ville est imprégnée, me donne l’impression d’une belle endormie. Je vais faire de même et profiter des plages à proximité du campground pour me faire dorer au soleil avant d’avaler une portion, courte, mais pimentée de bosses pour Waikouaiti.

Là où la déception fait suite à l’enthousiasme

Petit village de 1200 habitants, perdu au fond du delta de la Waikouaiki river, cependant l’un des lieux de peuplement historique Maoris, c’est l’un des rendez-vous importants de mon voyage.

C’est en effet ici que résidait la famille de Hugh William Henderson, le navigateur de l’équipage du Stirling de la RAF qui s’est écrasé le 5 mars 1944 lors d’une tempête de neige vers Orcival au retour d’un mission de parachutage d’armes à la résistance d’Auvergne. Je suis reçu avec surprise, intérêt et émotion par quelques habitants qui m’orientent pour mes recherches vers le musée, le village étant administré directement par Dunedin.

Hélas, après enquête et recherche auprès du musée local, aucun survivant ou descendant de sa famille n’a pu être localisé. Les deux filles identifies de son frère, descendantes directes et uniques de sa famille sont décédées à Christchurch. Le prochain rendez-vous est fixé à Wellington, où le bureau de l’association locale ASR de Clinton, rencontré opportunément sur ma route, a pris contact avec l’organisation nationale pour expliquer et faire progresser ce projet mémoriel des 80 ans de la disparition de ces aviateurs Kiwi, en 1944, (*) photo de Hugh Willian Henderson récupérée dans les archives du musée d’Aikouaiti jointe

Avec du blé

Je me lance, avec la rage de l’échec au ventre, propulsant mes sacoches à 20km/h de moyenne dans les 4 étapes qui vont me conduire à Christchurch par la highway One. Successivement les campground d’Oamaru, de Timarou au bord du Pacifique et d’Ashburton au milieu des champs, vont me recevoir.

La route est rapide, ennuyeuse, lassante. Seul l’objectif d’atteindre Christchurch, nouvelle plateforme de visite, compte.

Alors, pour sortir de la monotonie de ce plateau de terres volcaniques fertiles, veritable grenier à blé aux pieds Est des Alpes Neo-Zélandaises, j’esquisse une sortie vers le village de Temuka. Oh surprise, comment un si petit village a t’il pu s’offrir autant de belles maisons de pur style Victorien? Interrogé un policier me repondit qu’ici, fin du XIXème, début du XXème siècle, le commerce de blé et de viande avec le Royaume-Uni, puis le Commonwealth, avait enrichi le pays…Merci monsieur, vous êtes vous même originaire de quel pays? Bilbao!

Voilà, on est tous des citoyens du monde, la force de l’économie rompt toutes les frontieres…

Pour que les passereaux ne passent pas

Moi, comme chaque matin en Nouvelle Zélande, c’est le pépiement des oiseaux qui me réveillera au lever du soleil. C’est réveil que je ne connaissais plus et qui, par sa douceur et sa joie reprend d’un coup une importance capitale. Pour paraphraser Sylvain Tesson qui évoquait les maisons au fond des bois, j’affirme que tant qu’il y aura des moineaux dans les villes, rien ne sera tout à fait perdu…

Que vivent les chats nonchalants pour que les passereaux ne passent pas…

Demain Christchurch , Akaroa et un nouveau depart vers Picton, mais c’est une autre histoire…