Repartir !
Après 3 jours passés à Te Anau, l’envie de reprendre la route n’a jamais été aussi intense. Ce besoin physique est inexplicable presque irrépressible. Tous les bourlingueurs ressentent cet appel. On a besoin d’en découdre, avec le terrain, même si quelquefois ça fait mal! Une force intérieure puissante vous pousse sur le chemin. Sans doute aussi le plaisir de découvrir, ce qu’éprouvait Michel de Montaigne: « Ai-je laissé quelque chose à voir derrière moi? J’y retourne, c’est toujours mon chemin ». Ou bien celui que Michel Renaud a finalement traduit en association: « Il faut aller voir – l’IFAV » pour satisfaire sa curiosité. Et puis il y a l’exaltation du corps qui ne demande qu’à s’exprimer pour vous conduire vers vos envies d’espaces, de couleurs, de sons, de lumières, de rencontres, de beautés et finalement de partages. Car le plaisir est bien là aussi, partager les voyages sans rhétorique ennuyeuse pour qu’il reste un petit quelque chose propre à chacun. Il faut tout de même savoir que, malgré tous les efforts, ces souvenirs s’estomperont peu à peu avec le temps, ne laissant que des limbes de rêves.
Aller, il me presse d’enfourcher mon vélo, cap sur Dunedin.
Ça défile…
Je m’étais imaginé une route ennuyeuse entre Te Anau et Balclutha vu le profil que j’avais consulté pour me faire une idée et aussi peut être pour abaisser la barrière de mes craintes. Les premières disparaissent très vite car je ne sens même pas les 30 km de bosses que j’avais effectués en descente à l’aller. Pour la suite je m’attendais à une plaine aride. Il n’en n’a rien été.
À ma droite – on roule à gauche en Nouvelle Zélande – un bourlet de petites collines est posé entre la côte et la route. Cette formation rocheuse est recouverte la plupart du temps d’une belle herbe et l’élevage y est dominant. C’est aussi une barrière qui oriente les vents de 3/4 dos: un bonheur !
J’en profite avec des moyennes à 20km/h sur les 70km proposés par chacune des 3 étapes. Je ne suis plus une tortue des Galápagos avec mes 23kg de charge, mais un escargot charentais express ! J’en rencontre un autre, de la même espèce, un “Globus Cyclist Australien”, venu de Sydney, et nous partageons quelques salades européennes communes où nos traces baveuses se sont croisées, toujours de bons moments d’échanges… À ma gauche, un patchwork de cultures agricoles couvre les terres de ses couleurs pastel du meilleur effet.
Au centre ma route a posé son ruban sur une plaine qui déroule un tapis doucement vallonné jusqu’à l’approche de Balclutha. Chacun de ces trois parcours plaisants se conclut par un campground à Lumsden, Gore et Balaclutha. Ces campings sont sans prétention mais réunissent tous les éléments d’un «confort familial utile complémentaire» : Wifi, cuisines collectives bien équipées, douches, commodités, le tout propre et respecté.
Du sur place…
La dernière étape de Balclutha a Dunedin m’a très vite fait déchanter. Si les montées du début ont été avalées avec l’élégance du repos nocturne, l’ouverture de la plaine au vent de face dans mes sacoches fut un retour à une Rialto impitoyable …L’impression laissée est celle d’un “sur place” de 50km, d’autant que l’on me réserve toujours sur les parcours une portion congrue de gros goudron, bien garnie de silex hors taille, pour s’empiffrer jusqu’aux moyeux
C’est long, très long! Pour tout voyageur vélo ne dites pas : “bonne route”, mais plutôt: bon vent !
Le final sur Dunedin fut à la hauteur de ses collines et ressembla à un gymkhana entravé par des travaux de voirie et balayé par un fort vent marin venu du Pacifique, par sa côte Est.
Trois minutes après m’être allongé sur mon matelas à rêves, gonflable, je dormais comme un loir repu.
Rendez-vous avec l’Histoire
Je resterai 2 nuits dans cette ville pour sa découverte mais aussi pour rencontrer les dirigeants de RSA, l’association des vétérans de NZ, avant de me rendre à Waikouaiti, village de la côte à 50km d’ici, dont l’un des aviateurs enterrés au cimetière des Carmes est originaire.
Mais c’est une autre histoire…