Une voix mécanique au son métallique en provenance d’un alignement de hauts parleurs dans les rues de Cho Doc me sort de mon sommeil à 6h30. Petite mise en route physique pour un réveil collectif de la population laborieuse avec les dernières nouvelles politiques et locales. Robin Williams reveille-toi, tu es au Vietnam, « Good Morning Vietnam ! »
L’activité est déjà intense et le trafic reprend avec autant et peut être même un peu plus d’anarchie que la veille. C’est mon premier départ vélo pour Long Xuyen qui se situe sur l’un des bras du delta du Mékong. Pour ma part, je vous parlerai de mes jambes qui fonctionnent correctement, mais la chaleur tropicale humide déjà élevée, combinée à la pollution du trafic, s’annonce redoutable. Ces premiers tours de roues resteront prisonniers de l’urbanisation des berges jusqu’à atteindre mon premier objectif. Ma reprise est celle d’un débutant et elle totalise péniblement 57km au compteur. Heureusement, comme prévu, il est aisé de se nourrir et de se loger dans ces villes qui fourmillent de monde avec des gargotes sur roulettes à tous les coins de rues.
La deuxième étape me conduit jusqu’à Vinh Long. Ça va déjà un peu mieux. Cette fois je traverse les jardins du Mékong. Même si de longues routes droites et plates ne sont pas vraiment agréables à parcourir, l’œil se promène et découvre la richesse agricole du delta. Il s’enveloppe dans de gigantesques écharpes de vertes rizières, est planté d’arbres fruitiers et semé de maraichages en tous genres. Par ailleurs, le moindre bout de terrain est occupé, jusqu’aux routes qui servent de séchoirs pour le riz exposé sur des bâches déployées. Parallèlement à la route, le fleuve qui s’étale de toute sa largeur maintenant vers la mer, déverse dans les deux sens ses bateaux à fort tonnage chargés à ras bord. Cuit par le soleil de l’orient, je finis cette étape dans une ville dont le centre se dérobe au bout de lignes droites interminables. Le résultat comptable est meilleur avec 74 Km. Je prends toutefois la décision de rentrer dans Ho Chi Minh par un bus en raison de la forte densité routière. Malgré sa dénomination internationale officielle, le peuple du Sud Vietnam l’appelle toujours Saïgon, du non du fleuve qui traverse cette agglomération de 9 millions d’habitants au moins, peut être 11 et peut être aussi pour marquer une forme de résistance avec le Nord…
Les histoires d’amour se terminent bien, aussi…
Pas de difficulté pour trouver un hôtel dans le « Quân1 » de Saïgon. Quân vient de quartiers, un reste de l’héritage colonial français pour la répartition administrative de la ville. Le hasard fait bien les choses, mais d’après Do Hung Do, le hasard se manifeste parfois étrangement. Hung Do est en effet un de ces enfants qui a dérivé avec ses parents à bord d’une embarcation de fortune dans le golfe de Thaïlande. les tragiquement dénommés « boat people » qui ont quitté Saïgon par peur des représailles des troupes d’Ho Chi Minh. Accueilli en France, puis finalement émigré aux Etats Unis, Hung est titulaire désormais d’un passeport Américain avec la double Nationalité. Pour des raisons similaires, ma grand-mère accompagnée de sa fille, qui allait devenir ma mère, âgée de 10 ans à l’époque, avaient fui l’avancée des troupes Franquistes durant la guerre Civile d’Espagne. Ça rapproche forcément ! En dehors de son aide précieuse pour résoudre quelques nécessités du voyage, nous passerons deux belles soirées à refaire le monde, tout en savourant la cuisine Vietnamienne, « simplement » car c’était le thème central de nos échanges.
Nous nous quitterons « au bord du chemin », lui devant retourner aux USA et moi en partance pour une excursion touristique à My Tho, ville fluviale du Mékong, à 80km de Saïgon. Je ne suis pas vraiment fan de ce type de prestation, mais j’avoue que j’avais espéré pouvoir « aller voir » ayant été sensibilisé par quelques images de bateaux se faufilant dans les canaux au cœur d’une végétation tropicale dans les îles du delta. Grace à toute l’équipe du Tour Opérator, son jeune guide et au couple de Japonais qui m’accompagnait, nous avons passé une belle journée de mise en valeur de la vie locale autour de cette curiosité exceptionnelle comme en atteste les photos prises en direct.
Ding, Dingue, Dong !
Ces trois onomatopées résument en quelques mots la vie folle des Vietnamiens du Sud.
Ding ! Comme les klaxons de tout se qui roule, ou pas. Les Klaxons basse fréquence des bus et camions qui signifient par là « dégagez ! » Les sonneries des scooters qui se manifestent à tout bout de champ pour dire « respectez nous !» et puis les sonos à tue tête à renfort de décibels, les sonos portatives à messages enregistrés répétés à l’infini et celle des chanteurs de rue qui vous assaillent lors des repas en plein air. C’est être plongé toute la journée dans un tohubohu inimaginable : décibels finalement très moches !
Dingue ! Le code de la route a un seul article : « prépare-toi à faire tout ce que tu pourras pour éviter tout ce que l’on va pouvoir te faire » : on peut comptabiliser, les contre-sens à pied, vélos, scooters charrettes à bras et voitures, les coupages de rue impromptus, le démarrage au feux de croisement au rouge, les exemples sont sans fin…
Dong ! Nom de la monnaie locale. 25000 Dong = 1USD. Une chambre niveau 2* européenne coûte 340 000 Dong soit environ 14 USD. Des petits billets plein les poches pour jouer au Monopoly. 1000 D valent 0,40 USD