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La Montagne ça se gagne !

Hanoi-Co Thiet (78k) – Co Thiet-Yen Bai (78k) / Yen Bai-Van Yen an Binh (52K) – Van Yen An Binh-Lao Caï (97k)

Monter après tant d’heures sans reliefs , changer de développement et atteindre l’inaccessible étoile du cyclo randonneur, l’élévation suprême au-dessus des vallées, au dessus de soi même est plus qu’une envie, c’est un besoin, Seulement voilà, il faut s’y préparer, mentalement, physiquement aussi, techniquement enfin. J’ai 4 étapes pour cela soit 305km avant de me lancer dans la dernière ascension de Lao Caï à Sa Pa soit 37km, dont 30 km de montée.

Il m’a fallu 20km pour sortir de Hanoï à partir du centre ville, c’est dire l’étendue de la capitale du Vietnam ! Je rejoins à Son Tay le fleuve Rouge et décide de visiter le centre ville dont la topographie me semble attractive.

J’ai eu une bonne intuition cartographique car cet ensemble était en réalité l’emplacement d’une ancienne citadelle en latérite construite en 1822 pour protéger Hanoï sous le règne du roi Minh Mang dont j’ai visité le tombeau à l’approche de Hué. Il reste encore la tour principale où l’on vient se faire photographier pour célébrer différents événements. Justement, tout un groupe de collégiens était présent en compagnie de leur professeur principal pour célébrer dans une ambiance empruntée aux universités américaines, joyeuse et amicale, la fin de leur second cycle au collège validant leur entrée au lycée.

Passé cette ville, je vais côtoyer le fleuve Rouge jusqu’à Lao Caï. Le fleuve est ainsi dénommé en raison de la couleur, à certaines périodes, des limons qu’il transporte, mais aussi de l’argile ocre dans lequel il a creusé son lit. Ma route file tantôt sur la digue ourlée le long des berges pour contenir ses crues lors de la saison des pluies, tantôt en dessous où des portes verticales à crémaillère permettent de gérer l’eau qui alimente les canaux des rizières. Je dénombre un grand nombre de manufactures de briques dont l’argile est extrait des abords du fleuve.

Une température tropicale à 34°, très humide, remonte peu à peu avec un vent tourbillonnant venu du Sud pour s’installer dans la région Nord. Localement quelques bananeraies de petits paysans en bénéficient.

Pour la 3ème étape ma route est devenue paisible et la campagne est bucolique et plaisante. Des églises vestiges de la colonisation, regroupent autour d’elles les villages. Les cimetières sont dispersés dans le vert criard des paysages et des vaches y paissent sans être dérangées. Quelques tombes semées au cœur des rizières semblent revendiquer leur isolement. Des papillons s’envolent à mon passage, mais je vois peu d’oiseaux. Lors de rencontres impromptues, je noue des conversations sans objet, sans compréhension, sans lendemain, mais qui font du bien par le sourire complice involontaire mais fier que déclenche mon épopée. J’ai particulièrement aimé le petit village étape de Yen Bai-Van Yen an Bien. Choisi pour des contraintes d’hébergement après une étape courte, je m’y suis senti à l’aise et bien accueilli. Les arbres formaient une voute végétale resserrée sur la route devenue rue, les commerces alignés hérissaient en haie d’honneur leurs pancartes chamarrées et les habitants semblaient hors du temps.

Dans la dernière étape en me trompant d’itinéraire je suis passé par des forêts dont on exploite l’écorce en la déroulant en panneaux rectangulaires que l’on place verticalement pour les exposer au soleil afin de transformer cette matière première en contre-plaqué. Ces explications me sont données par des forestières tout à leurs tâches quotidiennes qui, interpellées par ma curiosité, un peu gênées de me répondre, s’éclipsent en riant avec leurs collègues.

La route quant à elle a été sans pitié. J’ai relevé sur mon thermomètre du compteur un 37° dans l’après midi. Les montées courtes et sèches ainsi que la distance totale de 97km par cette chaleur m’ont mis à mal. Lorsque j’atteignis enfin l’église de Lao Caï qui domine maintenant les faubourgs de la nouvelle ville j’étais bien heureux de trouver un hôtel et de m’y reposer.

Demain c’est la montée sur Sa Pa. Mais c’est une autre histoire.